Naïve

Publié le par Fée tes valises :D

Naïve

La fin est proche il parait, plus proche qu'on ne semble pouvoir imaginer, ils me le disent si souvent! Ils ont sans doute raison.
Ils croient sûrement que je nie leurs évidences, leurs implacables constats, ils pensent peut être que je ne le sais pas, que je vie tellement dans un autre monde que je suis totalement inconsciente de ce que le réel rend désormais inévitable... la chute, abrupte, de notre civilisation!

Souvent, ils me le rappellent, à grand coup d'exemples sur le crâne. Je ne les nie pas, souvent j'en ai aussi conscience, pas forcément avec les mêmes exemples, et ça arrive que je n'en sache parfois rien du tout.
Souvent, avec un tel relativisme, je me demande, si nous ne sommes pas tous toujours trop convaincus de tellement de foutaises, de prismes étroits de vue, alors qu'on pense avoir un savoir élargi grâce à la rapidité à laquelle circule l'information. On insiste pour dire qu'on a raison... pour défendre telle ou telle paroisse, pour monter au créneau face à ceux qui ont "tort", ceux qui pensent avoir également toutes les raisons d'avoir raison... Je ne fais sans doute pas exception!
Je m'obstine, je défends mon steak, je n'ai pas plus envie que les voisins de céder du terrain.

Je sais bien en plus que peu importe, nous ne connaitrons sans doute jamais la réponse, qu'aucun de nous ne l'obtiendra jamais depuis sa position corporelle, matérielle, nous ne pourrons toujours que supposer: Anthropocentrisme. Tout tourne donc autour de l'homme et seulement lui? Ah oui position supérieure, l'homme au bout de la chaine de la création, de l'évolution. On se plait à le croire, à oublier que l'homme est une petit point du Cosmos.
Je suis trop Athée, pour me laisser embarquer dans ce conte selon lequel l'Univers ne serait qu'un décor à la scène de notre Histoire, juste pour que nous advenions, pour nous autodétruire... C'est une idée assez commune finalement même si on ne la formule en général pas comme ça, mais si je m'extrais de l'anthropocentrisme présomptueux avec lequel je pourrais me tartiner l'ego, il reste quoi, de façon pérenne, de cette idée là?

Alors je connais l'objection par coeur, je suis TROP MENTALE, je me prends trop la tête, je me pose trop de questions... On s'en fout, on vit et puis c'est tout! Je pourrais dire VRAi, oui vrai, sauf que, vous allez tous devoir convenir que ça devient de plus en plus difficile de l'envisager dans le sens où nous hommes modernes concevons ce que c'est que vivre! On me dit de vivre, mais vivre, c'est quoi? Respirer, manger, boire, fonctionner et seulement ça? ou vivre c'est aussi penser, ressentir, aimer, se faire plaisir? Personne n'imagine que vivre ne soit que survivre! On ne se sent pas vivre de la même façon les uns les autres, nos plaisirs sont différents, il n'empêche, on est tous plutôt en quête de bien être, de mieux être. L'inverse est rare lorsqu'on est bien dans sa tête.

Je me demande à quel point nous avons sociétalement un problème mental énorme pour chercher à ce point le "pire", ce qui nous nuie, ce qui nous éloigne d'un mieux être au point d'en perdre notre plus essentielle liberté, celle de s'expandre. C'est le principe même de la vie! L'empêcher, le restreindre est contre nature et l'homme est en train de devenir par lui même contre nature en s'empêchant de vivre! Son existence est en elle même menacée, l'humain ne vit plus, l'humain s'est arrêté, il est au bout de la chaine, il n'y a plus qu'à tomber! il saura peut être amortir la chute sur une liasse de billets, tant qu'elle n'est pas entièrement dématérialisée. Le monde qui a permis la prospérité des hommes aura peut être disparu avant!

La route se sépare ici... il y a la ligne droite, tracée d'avance par la force de l'illusion collective, elle a planté ses graines jusque dans la foi en notre libre arbitre. Naïve, je pensais avoir la main mise sur ma propre tête, mais une immense main invisible en avait, malgré ma pseudo vigilance, déjà pris le contrôle. L'autre chemin est plus sinueux, tout cabossé, qu'il faut le défricher au coupe coupe pour espérer y marcher, la piste est ardue, solitaire, douloureuse, les émotions n'y sont pas épargnées, démesurées. Se délivrer des chaines qui s'enfoncent dans nos chairs, à nous retenir fixement accrochés à nos habitudes, à nous permettre d'accepter passivement notre soumission à l'illusion collective, malgré l'impression individuelle d'exercer notre libre arbitre!

Naïve, j'aimerais souvent l'être davantage, je n'aurais sans doute jamais perdu tout ce temps si je m'étais entêtée à me faire confiance plutôt d'écouter la voix de celui qui parle le plus fort avec conviction, ou éloquence... j'aurais peut être conservé une certaine forme d'illusion innocente que rien de mauvais ne pourra jamais arriver, qu'un être "supérieur" viendra un jour nous sauver, nous l'humanité: la finalité de toute la création!
Nous sommes là, sans naïveté il parait; notre lucidité, notre savoir, notre conscience, ne nous aurons conduits qu'à nous autodétruire, à provoquer nous mêmes la fin. Elle n'était donc pas un terme au parfait aboutissement de la vie en pleine expansion, pour arriver à l'Homme, le but suprême de toute son oeuvre... ? Quelle déception! L'Homme parmi tant d'autres, quelconque, insignifiant. L'Homme n'est pas encore prêt visiblement à s'en rendre compte... sa petitesse lui fait donc si peur? Imaginer se faire engloutir par le néant... et s'accrocher aux branches mortes pour ne pas tomber, telle est sa seule finalité ?

Je suis naïve seulement à nous imaginer un tantinet moins con, à rêver que puisque l'Homme n'a jamais été la finalité du cosmos, le futur puisse nous expulser de l'anthropocentrisme narcissique dans lequel nous nous enlisons. Je suis naïve d'imaginer la modestie frapper soudainement mon espèce, je suis naïve de croire que le futur nous réserve bien plus de surprises que le désastre auquel on nous prépare toute la sainte journée. Les infos nous inquiètent en nous mitraillant d'abominations, je suis naïve en espérant que les gens jettent leur poste de télévision!
Je suis naïve, parce que je n'ai pas envie de servir de combustible au grand feu célébrant le destin funeste du monde, je suis naïve parce que je crois en la résistance, en celle qui ne nous oblige pas à accepter. J'espère encore que l'espoir ne soit pas seulement le fait de ma naïveté, que cette vision me permet seulement de ne pas oublier que rien n'est joué d'avance, que le futur dépend de notre façon de nous positionner. Je suis naïve au point de nier les évidences, celles qui me poussent à faire le deuil de toute réaction, à accepter l'inacceptable et à ne plus rien remettre en question. J'en ai effectivement bien conscience, je pourrais céder aussi à la froide raison calculatrice, celle qui, du programme de ses algorithmes, prétend savoir comment orienter ma pensée mes angoisses, mes choix d'avenir. Je suis naïve de croire que mon coeur aura toujours de bien meilleures raisons!

 


 


 

Publié dans Déchetterie

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