Mieux, c'est le pire!

Publié le par Fée tes valises :D

Mieux, c'est le pire!

A présent, j'ai le droit de dire que je vais mieux. J'ai le droit parce que je ne suis apparemment plus la seule à le penser, puisqu'on me le dit. Ça se voit donc depuis l'extérieur. S'ils savaient seulement comme je reviens de loin, de profond... pas étonnant qu'ils me croyaient encore submergée par la vague. Il n'empêche qu'il doit maintenant y avoir une autre lueur dans mes yeux. Parce que jusqu'alors, j'avais beau dire que ça allait mieux, je voyais bien que je ne convainquais pas grand monde. Aujourd'hui, on vient me le dire en soutenant mon regard!

Pourtant, chaque fois que je me retrouve à attendre beaucoup de ce mot: mieux, je me rends à l'évidence que c'est un mot que je ne supporte pas. Il revêt tout le paradoxe de sa consonance positive alors qu'il est en lui-même si désagréable à prononcer. J'ai toujours eu horreur de ce mot. Mieux. Il est tellement joli à écrire, on ne peut pas le trouver difficile à lire, mais à dire, c'est un des mots les plus gluants et les plus déplaisants. Amusez-vous à le prononcer à haute voix. Pas dans une phrase, mais tout seul. Allez-y, plusieurs fois. Il est drôlement moche à dire ce mot n'est-ce pas?

Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse donner tellement de valeur bénéfique à un mot aussi pégueux en bouche, si opposé en soi à la définition qu'on s'évertue de lui donner. On se comporte presque comme des martyrs, en se flagellant à coup d'expressions dont la prononciation se révèle être un supplice. Comment puis-je réellement aller mieux avec des mots pareils? Rien que de devoir les dire, j'ai presque aussitôt envie de vomir. Ça fait pas très crédible. Faut pas croire, hein, j'ai beau le savoir, je le dis quand même.

On ressent plutôt bien que le mieux est consécutif à une période pire... à voir comme il se traine, on ne dirait convalescent. Mmmmieuuux. Presque comme si on avait l'eau à la bouche devant un bon gâteau par exemple, sauf que là, c'est pas Miam, c'est seulement Mieux. De suite, c'est vachement moins appétissant, ça donne un peu l'impression que les gâteaux sont confectionnés à partir de planta fin... un miam interrompu au milieu par une lourde déception!

On dira que je suis gourmande, que j'aimerai immédiatement un mieux qui rassasie tout en faisant chanter les papilles de plaisir et qu'il faut dans un premier temps que je me contente seulement d'un mieux bien plus modeste, celui qui permet tout juste de ne plus dire que c'est terrible. Un peu comme si j'étais au régime et que le pain sec et l'eau c'est toujours mieux que rien. C'est certainement vrai, je devrais m'en contenter. Il n'empêche que ça me conforte dans cette idée que le mot mieux se traine un passif douteux. Il y a bien une vieille expression qui dit que le mieux est l'ennemi du bien. C'est pas pour rien.

Il y a bien dans ce terme une notion d'amélioration, de progrès, d'optimisation. Vous vous rappelez les bulletins de notes trimestriels à l'école, qui n'a jamais eu inscrit par son professeur: c'est mieux, continue ainsi ou peut mieux faire? Dans un contexte positiviste, le mieux prend tout son sens. Il devient clairement l'ennemi du bien, puisque ici le bien, c'est le progrès à tout prix. On voit où ça nous mène... Le mieux, ça fait encouragement à la performance.

Je prêche pas le pire à la place, loin de là, il ne faut pas si méprendre, ni le pire, ni même le meilleur. Celui-là, j'aimerai déjà bien le connaître, le saisir plus que de manière éphémère. Sauf que quand tu crois l'avoir attraper, pssst, aussitôt, il te file entre les mains, il rejoint les rêves. Il est évanescent. Mais alors le mieux, à mon grand damne, c'est tout ce qu'on peut espérer avoir? Ou c'est qu'il faut plutôt choisir l'éphémère en permanence, pour mieux faire?

Publié dans Déchetterie

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