La mort aux trousses

Publié le par Fée tes valises :D

La mort aux trousses

Nous sommes le 25 avril aujourd'hui. Il a maintenant près de deux ans et demi que tout a commencé, deux ans et demi que mon monde a perdu sa stabilité et que sans que je m'en aperçoive, la mort s'est mise à me poursuivre. Au début, elle a été discrète,elle s'est planquée dans mon dos, dans un coin d'ombre où elle a pu m'observer en silence, en attendant que le moment de surgir en pleine lumière soit enfin venu. En même temps, elle savait que son apparition trop précoce, alors que je ne serais certainement pas prête à la comprendre, pouvait nous être fatale, à elle comme à moi, alors que paradoxalement la mort ne détruit rien, elle transforme et, trop tôt, elle n'aurait rien transformé du tout, elle se serait détruite elle même, en même temps que ma propre potentialité d'être moi!

Innocente, je ne me suis doutée de rien, virevoltant dans les courants de ma vie, légère comme cette brise qui caresse le monde avec délicatesse. Que j'ai aimé ces moments! Je croyais être naïvement en état de grâce, à savourer cette soudaine chance que je ne connaissais pas et de contempler le monde comme s'il avait toujours été le mien. Je ne pouvais pas soupçonner que la mort rôdait dans un coin sombre, en embuscade, elle n'attendait que de me tendre ce piège et de m'y attirer, comme dans une toile d'araignée. Elle en voulait à ma vie, elle en voulait à cette vie ci!

Je crois que je l'aimais plutôt bien ma vie, avant que la mort ne s'en mêle, avant qu'elle ne jette son dévolu sur moi et veuille à tout pris me la ravir. Elle n'aime pas les vies trop lisses la mort! Elle aime bien bousculer un peu plus que ça les choses. Alors elle vient et elle intervient. Elle commence à creuser notre tombe, à en enduire chaque pierre avec du ciment. Si elle pouvait nous emmurer vivants!

Elle est restée en retrait pendant de longs mois, à regarder de loin chacun de mes pas, et soudain elle a frappé, fort! J'ai chuté, glissé sur une peau de banane placée juste là et j'ai fait mon premier vol plané, jusque dans la tombe fraîchement creusée. Je préfère vous épargner ma douleur immense, m'empaler à moitié sur une pierre bien taillée, qui est passée juste à côté du coeur... Je n'ai pas compris, ni ma chute, ni ma semi mort, ni la douleur aigüe, ni les petits bouts de ma vie qui se décomposait déjà tout doucement, sans même que je le remarque. Sauf que la mort avait sous estimé mes forces, ma capacité de résistance, de résilience! J'ai réussi à me hisser du trou creusé pour mon repos éternel à la force de mes bras, non sans peine, mais c'est la tête haute que je suis sortie de la tombe et de son étouffant linceul...

La mort ne s'est pas résignée pour autant! Elle voulait ma peau, point barre. Elle devait même s'être fait un point d'honneur de l'avoir. C'est difficile de contrer la mort n'est-ce pas? Elle arrive toujours tôt ou tard à ses fins! J'ai été vigilante un moment, parce que même si la mort se faisait discrète, je sentais bien un regard malveillant peser sur mon dos. Mais le calme, avant la tempête, était revenu et j'ai été rapidement convaincue que je ne devais qu'à ma paranoïa cette impression de devoir rester sur mes gardes. La mort devait bien rigoler de moi de me voir ainsi reprendre simplement le cours de ma vie. Et je suis certaine qu'elle devait se frotter les mains à préparer son prochain méfait, mais trop occupée que j'étais à vivre cette vie qui était la mienne, je ne l'ai pas entendue, pas plus que son petit rire sardonique qui devait retentir dans le lointain. Ma vie me plaisait et je la louais à tue tête, l'échafaudage que j'avais construit me semblait solide et je pensais pouvoir monter toujours plus haut sans ne jamais tomber. En chemin, j'avais même trouvé une baguette, et je m'en suis servie pour jouer à la fée. Comme je m'amusais.

Pourtant la mort n'avait pas un instant relâché pour autant le dévolu qu'elle avait jeté sur moi. ¨Patiente, elle attendait seulement le bon moment. Le moment où l'Ego m'a sans doute dominée un instant, sans que je ne m'en rende compte, le moment où je devais être certainement trop sûre de moi, de ma chance, de ma vie et où je ne me méfiais pas. Et là, de toutes ses forces, elle a abattu sa garde sur moi me précipitant immédiatement au tapis. J'ai évité d'être de suite projetée dans la tombe par un hasard de position. Mais je suis tombée à terre, le souffle coupé, impossible de me relever et la mort et quelques unes de ses complices m'ont fait rouler jusque dans le trou de mon funeste destin. Quelques pelletés de terre et il n'y avait plus qu'à attendre que n'agissent les vers, j'ai rapidement suffoqué mais j'avais beau gratter le sol pour prendre une grande d'air pur, je me suis enfoncée toujours plus vers les profondeurs, vers les abysses.

La mort s'est empressée de graver mon nom sur la pierre tombale: Ci-gît Fée, elle a fait ses valises pour l'autre côté! Ben ouais, quel autre choix avais-je maintenant que la sortir était murée? Elle n'a pas menti la mort, c'est bien de l'autre côté que je m'en suis allée tout le temps de ma disparition, de l'autre côté de cette façade lumineuse, vers la plus profonde obscurité. La mort pensait toutefois pas que plutôt que de m'anéantir, cette disparition m'a transformée. Elle n'allait pas me reconnaitre et allait enfin cesser de me pourchasser. A un moment, je remonterais à la surface et là, avec mon nouveau visage, j'apparaîtrais sous un tout autre jour. On appelle ça, résurrection! Même si vous aurez peut être l'impression qu'il reste des traces de cette Fée, sachez que ce n'est plus la même qu'avant d'avoir été enterrée. La mort a relâché son étreinte, elle a cessé de me pourchasser, elle me laisse un peu de répit, pour autant, je la connais assez à présent pour la soupçonner d'être suffisamment maline pour me faire croire à ma victoire, alors qu'elle rie sous cape, qu'elle attend seulement encore le bon moment pour me sauter à la face dans un de mes moments d'égarement. Je reste sur mes gardes et la surprends au tournant!

Publié dans Déchetterie

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