Noeuds en boucles étranges et bris de chaines

Publié le par Fée tes valises :D

Noeuds en boucles étranges et bris de chaines

La spirale me fait penser au serpent, qui s'entortille, lentement jusqu'à enserrer sa proie, à lui couper le souffle, à lui broyer les os! Lancinante, la spirale s'enroule autour de ma vie à me faire suffoquer... l'oxygène commence à me manquer. 

Un moment, je me demande depuis combien de vie j'arpente les mêmes boucles, depuis combien de temps je tourne en colimaçon autour de cet endroit, autour de moi-même. Et pourquoi ici? Pourquoi m'est-il si compliqué depuis que je suis ici de pouvoir en partir, siphon qui m'aspire, force tellurique, qui aimante mes pieds? Et si quelque chose s'y planque, pourquoi suis-je si longue à le débusquer?

Ca n'a plus de sens, sauf à ce que cette histoire donne justement un sens que je ne pouvais pas encore saisir... et si le serpent commence à m'enserrer si fortement, c'est que je ne vois toujours pas les choses clairement! Serre t'il autant pour que je régurgite toutes les foutaises que je me suis faite avalée jusque là?

Il y a bien quelque chose ici, mais quoi? Ca clignote de toute part mais pourtant je ne vois toujours pas... j'ai sillonné ces espaces en espérant la trouver, tomber sur un indice plus parlant que des synchronicités. Quel est le lien qui me pousse à passer d'un côté à l'autre, de ne pas savoir sur quel pied asseoir ma stabilité, sur quel pied danser?

Parfois, et de plus en plus, je me demande bien pourquoi je peux dire tout ça... Le petit vélo qui tourne dans ma tête reste sur la même piste et cette piste est souvent sans issue. Le pédalier semble se mouvoir dans le vide, le mécanisme n'agit visiblement sur rien, voilà ce qu'il en coûte de tenter de se débarrasser de ses chaines! Punk! Des chaines et des clous qui pendent partout, symbolisme de la conscience de notre attachement à ce futur aliénant? Icône cloué à la croix... exhibition de notre soumission, des prémisses de notre mécanisation, métal qui pénètre le corps? Les chaines pendent le long de mon corps si fragile, si vulnérable: cliquetis qui accompagnent cette carcasse d'acier. J'ai la plus grande peine à m'ébrouer dans la plus grande discrétion! Vous entendez le grincement des maillons pas assez huilés...

Pourquoi m'évertuais-je encore à parler, à dire ce que tout le monde tait, ce qui n'importe peut être à personne, sinon à ma propre lucidité? Le silence règne en maitre ici... apprendre à se taire, à ne plus rien dire, à noyer la parole dans le flot de la vie, si tant est qu'on vive plutôt que survivre! A s'assurer encore et toujours sa sécurité! Peut être qu'il me faut d'urgence apprendre comment communiquer autrement, en me taisant! Comment tuer l'égo sinon en l'éradiquant, en disparaissant? Si je disparais de la surface, du reflet que renvoie ce miroir, recouvrirais-je enfin cette liberté tant convoitée? Une solution qui s'ébauche... le silence! Il n'y a rien qui ne vaille tant finalement. Silence, ou indifférence, est-ce pour autant pareil?

Ces lourdes chaines... ne peuvent pas pendre indéfiniment le long de mon corps décharné, je ne pourrais bientôt plus les porter, elles commencent à trainer et à marquer le sol de leurs traces, jusqu'à rouvrir peu à peu les spectrales abysses. Ces lourdes chaines, bien qu'elles pendent, ne me semblent pourtant plus si lourdes qu'elles ont pu l'être par le passé, et je me dis que j'ai peut être acquis enfin la force suffisante pour arriver à les soulever du sol et éviter qu'elles ne raclent à creuser à nouveau ma tombe. Oh oui, tout ceci, même si ça me plombe encore quand je me confronte inexorablement à mon aliénation et à ma faiblesse devant cette civilisation absurde qui n'épargne rien à toujours se battre pour la conquête et le pouvoir, tout est bien plus facile. 

Ma civilisation m'a dressée à me battre, sans arrêt, à me montrer la vie comme une lutte pour la survie, plutôt qu'une collaboration harmonieuse entre différentes énergies. Depuis que nous sommes témoins historiques de notre monde, nous pensons ainsi, à vouloir nous protéger, nous sécuriser de cette vie immense qui nous fait si peur et dont nous n'avons l'expérience conscience que d'un petit bout! Foutaise, la vie n'est pas lutte, nous ne sommes pas des combattants, nous sommes des artistes, des créatifs, des inventifs si un instant nous cessons d'avoir peur. Et moi, je suis fatiguée de traîner ces chaînes qui ne m'appartiennent même pas! Mais reprenez les donc puisque je n'en veux pas! Je les abandonne ici, sur le trottoir de cette ancienne vie, de cette rue bizarre dont celui duquel elle porte le patronyme se retournerait dans sa tombe à Lourmarin.

Les pacifistes sont toujours taxés d'utopistes ici... comme s'il fallait cesser de l'être et remonter ses manches pour se frapper aux poings. Mes chaînes, je les laisse aux SM, ils en feront bon usage puisqu'ils sont consentants! Qu'ils se cognent jusqu'au sang et que cette violence trouve enfin le sens dans le plus grand des contentements.

Du cordon à la chaîne, ombilical, adn, de métal ou encore mental, éternellement, tous les liens nous conduisent à la nécessité de notre plein affranchissement. Couper les liens, et s'élancer dans nos airs comme un ballon qui s'envole à disparaitre derrière l'horizon. Pour se rendre finalement compte de tous ces liens qui nous relient... bien malgré nous, à nous aspirer les uns vers les autres, à se rencontrer, pour connecter de nouveaux liens en plus grand., pour renouveler la dynamique du monde, car celle ci, de son aliénation, nous étouffe, et nous tue, un peu plus chaque jour. Le serpent cherche bien à nous étouffer, pour nous révéler à nous mêmes, dans notre libre arbitre de nous en échapper.

 

 

 

Publié dans Le spectre des abysses

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C
« Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile, ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. »<br /> <br /> Camus
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C
Prométhée enchainé à sa montagne aurait-il pu imaginer Sisyphe heureux ?
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