Et pourtant...

Publié le par Fée tes valises :D

Et pourtant...

Comme j'ai toujours su que, déjà, ce que je dis en général n'est pas forcément évident à avaler, il y a ce silence qui demeure, cette colle qui empêche mes doigts de laisser le clavier taper les mots qui donneraient corps à l'idée rien que de les écrire. Comme si c'était simple à exprimer! LOL

Non seulement c'est relativement compliqué déjà de me le dire à moi même, tenter de l'écrire ne peut s'effectuer que par métaphores... et ce, depuis toujours! L'avantage réel de ces choses là! J'ai tant conscience de l'absurde de ce que je "capte"! Et pourtant.

Derrière, il y a la texture... là, partout, peu importe ce que c'est, d'où elle vient; pour cette histoire là, on s'en fout. Devant, il y a moi, mes émotions, mes pensées, mes intuitions. Entre, il y a vous... vous ou vous, en fonction des moments, mais en plus de tout ça, il y a autre chose. Ca m'a mis un temps infini à délimiter toutes ces textures, à les distinguer, à m'assurer de leur provenance ou de leur généralité. Ca m'a pris au moins le même temps pour m'assurer que je n'avais pas d'hallucinations, que tout ne se passait pas uniquement dans ma tête... Et pourtant.

C'est petits cailloux après petits cailloux que j'ai érigé cette certitude, que cette superposition de textures m'enveloppe bel et bien et que j'allais devoir apprendre à évoluer avec! La plupart du temps, ça ne me gène pas, c'est même plutôt un sacré avantage. J'ai compris ce qu'elles disent, je les entends, et j'apprends à m'en servir. Mais voilà, il y a cette autre chose! Cette chose là, qui nappe bien de sa texture ma dimension, qui me parle bien sans que j'entende. A vrai dire, j'ai bien plus qu'une idée de ce dont il s'agit, je reconnais bien cette marque, cette trace en voile épais qui brouille la clarté de ma vision. De ma vision oui, mais pas de mon intuition! Oh celle là, elle sait, elle mettrait son âme au feu. Parfois, elle me donne des indices, mais la plupart du temps, elle se contente de seulement me faire douter.

En réalité, j'ai bien essayé de regarder, de tourner mon regard pour m'assurer que j'ai pas la berlue... argh, terrible, ce que je vois est si... que je ne peux pas voir. J'ai l'impression que ça me brule les yeux, comme un immense dragon qui crache du feu. Je ne sais pas si j'ai peur, ou si je ne peux tout simplement pas regarder, parce que je suis aveuglée, la lumière est trop intense pour que je contemple. Je ne vois pas... et pourtant!

Pourtant je sais! Saleté d'intuition, elle peut pas s'empêcher de me souffler des "conneries" à l'oreille. Des conneries en tout genre, ça va de soi. Alors évidemment que je ne sais pas, que je ne peux pas savoir, que je ne peux rien dire. Et pourtant!

Le "sifflement" s'amplifie, "tourne la tête, fais attention" qu'il me dit. Mes yeux voient bien oui. Et ma tête pourrait lancer la moulinette, elle pourrait être tentée par l'interprétation de ce qui lui apparait un instant, indice de détail. Ca et là, même le matériel se joue de moi! Je repousse autant que je peux ces obsessions assaillantes. Je ferme les yeux très fort. Mais je vois quand même à travers!!!! J'ai bien compris que je devrais voir même les yeux crevés, même si pour tous les autres yeux, ce que je "vois" ne peut pas avoir de sens. Si seulement il en avait déjà pour moi!

Je ne voulais plus réellement poser mes yeux sur la réalité! Celle qui m'apparait a toujours tant sonné faux même si elle reste là, comme le décor éternel de cette pièce de théâtre dont les couleurs sont passées. Un vieux film mal tourné, mal joué avec un scénario à chier: image terne jaunie à l'angle de l'étagère au dessus du vieux convecteur, vie sans saveur. Mais toujours, tôt ou tard, la réalité finit par me sauter à la face, que je le veuille ou non, elle se planque dans un coin de la scène, tel un détail infime, sans aucune valeur. Et pourtant! Il clignote, attirant l'attention comme s'il était gigantesque et brillant. Chaque détail renferme tout un monde, un kyrielle d'interprétations. Sans doute que l'explication la plus simple est qu'elles se superposent toutes, à tel point dans l'instant présent, que ma conscience devient absolue? Quelque chose de l'ordre de la clairsentience je crois que ça s'appelle bien comme ça, cette impression intuitive de saisir tout ce que nous insufflent nos sens. Et mes sens se sont saisis du détail pour le relier certainement à des millions d'autres que consciemment je ne perçois pas encore! Mais mon âme, elle, sait bien.

Et alors que j'ai toujours su ce qu'elle exprime, bien que ça ne soit pas en mots, je crois que le doute habite encore mon égo. Ces tunnels dans lesquels abondent les projections de détails me dévoilent des milliers de petites facettes qui brillent dans le noir. Je sens les reliques de mon mental s'activer, se crisper selon ses antiques habitudes, et je me vois déjà à tourbillonner dans le tambour d'une gigantesque machine à laver. Le programme démarre... et se grippe aussitôt. Le mental devient liquide et s'écoule, ruisselant sur mes émotions, qui cessent immédiatement de me malmener pour céder la place au présent. Je vois sous mes yeux ébahis la réalité se mettre soudain à glisser, comme pour me récompenser. Et pourtant!

J'ai beau accumuler à présent tant de preuves, puisqu'il s'agit bien de ça, même si elles n'auraient aucune valeur devant un tribunal, je doute encore un peu de moi. J'ai bien compris que je ne devrais pas, qu'il faut que je me fasse confiance, bien plus encore que je ne le crois, mais c'est si compliqué de se faire confiance à ce point là, dans un domaine où personne d'autre que soi même ne peut de toute façon poser son regard. Les mots n'expriment que si mal la démesure, et tout le reste ne possède pas de mot. Sans les sens, tout est insaisissable, tout n'est que du vent. Et eux, ils disent, ils enveloppent de texture ce qui ne peut clairement être exprimé. Ils chuchotent à notre intuition ce qu'ils tairaient pour l'éternité à notre raison. Et la vie va très vite faire en sorte de me donner "raison"....

Publié dans Textures

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