Où que tu courres, ton destin te rattrapera toujours

Publié le par Fée tes valises :D

Où que tu courres, ton destin te rattrapera toujours

Au réveil, j'avais des milliers de projets, d'envies, de volontés, d'obligations... un élan à me lever tôt et à me faire démarrer avec dynamique, il fait beau, le monde m'appartient presque ce matin. Il est encore trop tôt pour quoi que ce soit d'autre que de devoir attendre un peu que l'humidité sèche, ces derniers orages ont été diluviens.
De toute façon, avant toute chose c'est café... café, puis clope, le temps de sortir de ma légère torpeur consécutive à la nuit. J'ouvre mes réseaux sociaux pendant que je sirote mon amer breuvage, comme j'aurais fait en feuilletant un journal si j'avais appartenu à une autre génération. La mienne se satisfait bien du virtuel.
Le virtuel justement, moi je trouve qu'il représente assez bien la réalité du monde actuel! Seule devant les pages internet de mon ordinateur, je crois appartenir à cette humanité consciente de l'immensité du monde et de ses travers, de son orientation funeste, et je crois m'ériger contre elle en agissant comme le réseau me permet de m'illusionner de le faire. Toute la conscience du monde ne suffira pas à insuffler la moindre graine d'action!

Même le monde virtuel se désertifie, les murs se constellent de graffitis qui ne veulent même plus rien dire, plus personne ne regarde ni ne lit rien. Peu importe que ce soit inconscient, volontaire ou orienté par les algorithmes des réseaux, trop d'info tuent l'info. Nous avons nous même tant de choses à dire, tant de questions qui s'élèvent en suspend et qui resteront sans réponse...
Je suis là, devant ma page et mes innombrables amis mutiques alors que le silence recouvre le monde virtuel, seul échappatoire instantané au réel sinon la fuite dans les paradis artificiels. Le virtuel finit lui aussi par ressembler à ma vie. La bulle identitaire est peut être au bord de l'explosion, tout ceci à cause de mes éternelles questions?

Et cette identité qu'on me colle à la peau, de tous ces rôles que j'ai joué de mon inconscience de qui je suis, je ne peux muer qu'en m'usurpant moi même. Fuir, m'évader, incarner un autre rôle, sans rôle, une identité de secours que personne ne connait, un personnage habillé de sa nudité.
Un jour, je ne sais plus quand, j'ai modelé une petite Fée, elle vit derrière le voile, j'espérais tant d'elle, je ne sais même pas quoi, j'espérais son aide, que d'une manière ou d'une autre elle sache à ma place comment faire, pour briser l'abyssal silence. Je crois que je voulais qu'elle puisse trouver dans cet espace de création là, le courage de dire ce que le mensonge m'impose de taire, tant que moi, je ne comprends pas. Elle peut être qu'elle aurait les moyens de comprendre... d'interagir au réel. Je rie de l'idée même d'avoir pensé ça!
Mais tout de même, à ce moment là où tout recommence soudainement à m'oppresser, cataclysme infernal de ma réalité, toutes les portes me claquent à nouveau au nez et me voilà seule au beau milieu du désert, le coeur déchiré sous la torture de l'absurde qui ne veut pas me lâcher. Je ne comprends encore une fois plus rien à tout ce désastre. Pourquoi la vie m'a précipitée ainsi dans l'abîme pour que tout s'effondre, pour rien?
Renouveler l'air, ailleurs, quelque part, même si je ne peux pas vraiment fuir, que quelque chose me retient, je n'ai que la bulle que peut me conférer la petite Fée. Alors que ça faisait une éternité que je n'y étais pas passée, je me suis téléportée chez elle, simplement un petit clic pour interchanger!

La décharge visuelle a été immédiate. Furtivement, je l'ai vu passer! J'ai forcément rêvé. Dans mon obsession galopante, chaque parcelle du monde se transforme inexorablement de cette réalité. Où que j'aille, où que je fuie, quelles que soient les raisons de ma fuite, ça va venir me rattraper. Une enclume fracasse mon crâne en même temps qu'un glaive brulant traverse mon coeur, mon obsession dévorante a besoin de comprendre, à en hurler de toute la pression que je suis contrainte de subir depuis trop longtemps. J'ai pénétré la folie et je ne sais même plus quand. Tout ceci ne veut strictement rien dire. J'en pleurerai à la fois de rage, de stupeur, d'émotions, de torpeur, un rire nerveux s'empare de moi...
Mes yeux se mouillent de larmes, oui, parce qu'encore une fois, la vie me torture, et je sais bien qu'elle ne veut pas ça. C'est seulement moi qui le voit encore de cette façon là. Si ça n'avait aucune importance, ça aurait disparu comme tout a disparu systématiquement à chaque fois. Cette fois, alors qu'il n'y a jamais rien eu d'aussi difficile que l'oubli, la vie s'acharne à rendre ceci impossible. Il est là, une fois de plus sous mes yeux ébahis, imaginez bien que je n'avais pas pensé tout de suite à demander ceci...
Dans le vide intersidéral de ce espace de secours, le voilà clignoter juste sous mon nez, comme une évidence, ça ne pouvait pas m'échapper, comme fait exprès. Mes yeux ne pourront donc pas se détourner même si je me les crevais! La vie se transformerait en signal numérique et mes ondes cérébrales le capteraient.

L'absurde de ma vie qui tourne autour de lui, à gangréner ma tête, ma mémoire et mes souvenirs, tout se mêle, tout ne devient plus que la même mélasse. Des questions, toujours des questions...
Bon, un hasard? C'est trop gros pour que ça en soit encore un... ça n'a aucun sens logique, le sens doit être ailleurs. C'est forcément que l'importance est capitale. Une fois de plus, la rétrospective de ce qui a systématiquement manqué faire sauter ma tête me gicle à la figure, augmentée de ce que j'ai encore du à mettre à jour ces derniers temps. Apprendre que quoi qu'il arrive, quoi que la réalité me dise, je dois vivre avec la légèreté d'une plume, que plus rien ne m'atteigne. Je sais bien que j'ai du mal, je l'ai bien vu lorsque tout s'enlise à me rendre statique, lorsque je me sens aspirée par les sables mouvants. Ceci encore une fois menace mon intégrité d'implosion!
Si j'avais pu tout comprendre depuis le départ, savoir à l'avance que si longtemps après tout ceci me hanterait encore, jour après jour, seconde après seconde, que oui, rien n'était fini avant même que tout ne commence, comme si tout avait déjà été écrit et que nous connaissions la fin de l'histoire sans nous en souvenir. Et si j'avais pu savoir d'avance que la vie nous tendrait ces pièges, sans doute chacun les nôtres, pour que l'on se réveille, pour qu'on se souvienne enfin, rien ne serait sans doute toujours aussi absurde aujourd'hui. Tant de hasards ont percuté ma route à le faire revenir un temps sur le devant de la scène, attirer de nouveau mon attention de façon à m'aspirer dans un puits dont il est le seul fond. Et cette fois, encore!

On m'a entre temps abreuvée de tant de légendes, de mythes et de choses incroyables qui pourraient me séduire plutôt que de m'inciter à douter, mais ma constitution même les en a empêchés. Sans cesse, il m'a fallu peser le pour et le contre, faire un pas en avant pour faire machine arrière. Le réel lui ne plie jamais vraiment. Je doute encore tant.
Il n'y a plus grand monde n'est ce pas dans ce désert immense que je me suis construit en cheminant vers ma vie. J'ai du ôter la fausse, miettes par miettes, particules par particules, et il reste tant de grains de poussière encore planqués dans les recoins. J'ai du ôter tous les petits points qui pouvaient faire obstacle à ma vérité, à m'en éloigner. Résister à mes faux besoins d'eux, ils n'ont pas les réponses à aucune de mes questions. Car ces réponses, je les connais, si j'arrive à libérer les mémoires de mon âme!
Parfois, lorsque le silence retentit tout autour de moi, que je suis en plein milieu du désert et que dans ce désert je parviens à écouter l'élan qui m'appelle, j'entends sourdement quelque chose lorsque je tends l'oreille. Ce souffle inaudible, il s'immisce en moi, telle un courant invisible, il pénètre à l'intérieur pour distiller un message subliminal que la mémoire de mes cellules parvient à entendre: ça résonne au plus profond de mes entrailles comme la vérité. Tout semble enfin se ressembler, depuis les prémisses de l'oubli jusqu'à l'absurde complet d'aujourd'hui. Vu de mes yeux d'enfants, tout est si cohérent. Je peux douter des mythes, je ne peux plus douter de ce que je vie.
Dans mon élan, il y a son appel, celui que mon âme entend au delà du réel. J'ai mis si longtemps à retourner là bas, et l'autre jour d'ici, j'ai eu une furtive réminiscence, un flash qui s'est dilué aussitôt survenu. Il y avait l'éternité de mon âme et la vérité de ce que comprend cet instant présent. Instantanément mes doutes se sont tous envolés. Je comprends bien pourquoi je doutais, pourquoi je m'en satisfais, c'est si énorme ce que ça impliqué d'accepter. Je dois me souvenir de cet endroit, celui qui imprime pour toujours avec intensité ma mémoire matricielle, celle qui a été imprimée d'évènements matériels, cet endroit, qui je suis sensée savoir qu'il n'existe pas. Je m'en souviens si mal, juste quelques incursions dans ce vaste espace hologramique pour nous donner un avant gout de notre futur réel. Je pensais que tout ceci était une réponse qui me venait du futur, mais je n'ai pas imaginé que ce puisse être une réminiscence !
Et c'est sa voix qui m'a réveillée. Une vibration au fond d'une grotte sombre, un obscur couloir duquel on sort forcément à la Lumière... Tout n'a toujours été qu'un jeu! Il n'y avait pas de règle, juste une invitation à démarrer une nouvelle partie. Nous sommes dans Jumanji... Au grondement du son sourd du tambour, nous croyons commencer une partie de ce jeu trouvé au hasard. Mais la partie précédente n'a jamais été finie. Le jeu a été refermé trop vite... Et une partie commencée doit toujours être terminée par au moins un des joueurs. Moi j'ai été prise au piège à l'intérieur! Comme le héros de cette drôle d'histoire, il parait que je serais délivrer moi aussi par des enfants...

Jour après jour, je le vois apparaitre, il se rapproche, le virtuel me l'impose, toujours plus haut, toujours plus près. Il est là, à portée de clic et je n'ose toujours pas bouger. La tentation me tenaille, mais je suis toujours si lâche, je manque tant de cet infini courage d'aller vérifier. Je reste statique, là, à contempler la distance qui nous sépare dans la réalité alors que les fils virtuels tentent visiblement toujours de nous reconnecter. Tout se fige, je reste là, je ne fais rien, je contemple le vide et je ne fais rien. Pourtant, ici, la petite Fée me protège, au moins à moitié, elle est le masque que moi je ne peux pas porter.
Jour après jour, me voilà à effectuer les mêmes pas de danse, s'éloigner et se rapprocher, nous sommes sur un manège qui ne fait que tourner. On se croise, on se passe à côté, on se toise... pour regretter? Je me prépare à défier le cours de choses, je me prépare à interférer avec le réel, à faire en sorte d'entreprendre quelque chose dans laquelle je me dépasse plus que de raison. Et si mes doutes s'effondrent, aurais je ce courage de me confronter à la vérité?
 

 


 


 

 


 

 

Publié dans Tueuse de consensus

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