Escapades en folie

Publié le par Fée tes valises :D

Escapades en folie

Peut être que je ne pourrais pas continuer très longtemps ce faux rôle, celui qui ne me correspond pas du tout... je sens qu'il me colle aux godasses, une pégueuse mélasse dont je ne parviens pas à me débarrasser. J'ai visiblement épuisé toutes mes ressources à m'y épuiser! Ben ouais, c'est ce qui se passe quand on pédale dans la semoule.

J'ai beau chercher du lien, parce que je sais qu'il y en a, à défricher le monde à la machette pour trouver des miettes planquées dans n'importe quel coin... tout se relie de plus en plus et je vois peut être finalement ENFIN à travers tous ces liens emmêlés! Toutes ces choses si importantes dans laquelle je ne parviens pas à avancer, même si je lutte, que je me bats contre vents et marées, même si je me sonde, si je me révulse, je ne parviens pas à traverser!

Se peut il que je me trompe depuis toujours? Que la gentillesse soit derrière, que la guerre soit ma principale préoccupation, que dans mes viscères bouillonnent non point ma bienveillance comprimée que la pire des fureurs que je me contente de réprimer... depuis toujours. Parce qu'on m'a appris que la guerre c'était mal, que ne pas être d'accord c'était mal, que de dire ce qu'on ressent, c'était mal... Nos émotions les plus fortes, celles qui entrent dans la démesure sont toutes considérées à l'excès comme des vices. N'aimons surtout pas trop, ne désirons pas trop, soyons enclins à la modération, c'est ça qui nous rendra heureux...

Alors je me voute, tu te voutes, il se voute, nous nous voutons tous, les uns après les autres, nous acceptons ce que la génération d'avant n'aurait en aucun cas supporté. Un poids du monde de plus en plus lourd... à devenir comme Atlas et à considérer nous aussi cela comme un honneur! La chance de ne pas encore avoir été exclu. Et moi je voltige suspendue à un fil!

J'ai appris de la vie, coup de trique, grand sourire, que je devais me plier. Les plus belles récompenses vont à ceux qui les méritent et ceux qui les méritent sont ceux qui courbent le plus. Ils acceptent les règles du jeu! Quel que soit le jeu... il parait qu'on ne peut pas changer les choses: les règles c'est comme les lois de Dieu, gravées dans le marbre. Le jeu... même si j'ai pris la liberté d'enfreindre quelques règles, j'en ai suivi les plus importantes, celles que j'ai rapidement compris qui seraient indispensables à ma survie, celles qui lorsque je les connaitrais, me permettraient de rester furtive. Ca n'avait pas trop mal marché jusqu'à ces dernières années et puis soudain... ils m'ont grillée. A force de ne plus me préoccuper de la marche concrètement futile du monde, je n'ai rien vu évoluer de leurs règles et je dépasse de tous les côtés rien que de vivre aussi simplement que je le fais.

Tu dépasses? Grand sourire et coup de triques, adulte, ça marche à l'envers... Les sourires, tu les as avant de tomber, mais une fois au sol, tu te fais piétiner!!! Paillasson, somnambule, bulletin, tintamarre. On connait la chanson! Beaucoup de bruit pour rien? "Le silence est d'or, alors je me tais". Tout a déjà été dit: la preuve!

On le sait tout ça me dit-on souvent. Oui je sais, mais à force de penser qu'on le sait, on finit par ne plus rien dire... et pourtant rien ne change jamais. Je me tais, je me résigne. Je l'ai peut être dit cent fois, mille fois, ça n'en demeure pas moins insupportable et je ne peux pas l'accepter. Mais j'ai appris, coup de trique... ça fait mal si tu dépasses, les boites dans lesquelles on doit rentrer ne doivent pas prendre trop de place, on va les empiler les unes sur les autres.

Quel simulacre de tout ce réel dans lequel je surjoue, tu surjoues... nous tous surjouons, à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, oui c'est ça la vérité! A quoi bon jouer la gentille, jusqu'à prendre ce rôle pour la réalité, la seule morale, la seule nécessité, la méchanceté c'est pour les faibles. J'ai trop été manichéenne dans ma propre attitude, me flageller pour ma méchanceté, parce que je ne suis pas d'accord, parce que ça vous ferait de la peine que je ne le sois pas, parce que je suis méchante, comme la lionne qui chasse la gazelle pour se nourrir! Je raisonne comme une enfant: méchant contre gentil, bien contre mal. Moi aussi ils m'ont eue, tous, au plus profond de mes viscères, si je n'oeuvre pas pour le bien c'est que nécessairement je suis mauvaise, et les mauvais??? C'est mal d'être mauvais! C'est impossible de vivre avec cette idée, endoctrinée par la morale chrétienne à l'insu de mon plein gré, jusque dans mes propres germes, parce que ces germes de rigidité, et de soumission sont transmis à travers la plus convaincante de nos laïcités!

Et ben vous savez quoi? C'est toutes ces conneries qui m'empêchent de m'assumer Guerrière. La guerre c'est mal... on le sait bien, comment assumer ses propres colères? L'expert qui me demande hier: vous avez des sauts d'humeurs? Non mais... c'est quoi cette question? Comme si c'était une pathologie, comme s'il fallait toujours être lisse et gentil, jamais en colère, jamais ne laisser transparaitre le manque de contrôle émotionnel, les museler plutôt que de les libérer! Nos propres Titans engloutis par la profondeur de nos viscères. Je dois me faire oppresser, opprimer avec le sourire, s'il vous plait! Je dois sourire aussi quand on tape à l'enclume pour rentrer dans cette boite trop petite... Vous savez quoi??? Mais allez donc vous faire foutre !

Grrrrr, je rugis comme un lion! Un fauve, la crinière sauvage dans le vent. Vous êtes sur mon territoire, et je ne cèderai pas! Cette mini cage, ne me retiendra plus très longtemps. Ils voudraient m'illusionner avec ces autres boites, apparemment plus vastes, mais tout n'est seulement qu'illusion! Mascarade! Il faut encore que je courbe l'échine à toutes ces enclumes qu'on veut me faire porter... comme si je ne le voyais pas, comme si j'allais encore en accepter une autre, qui s'avèrera bien plus lourde que les autres, même si je me déleste de toutes! Je comprends pourquoi je pédale... je comprends ce que cache ce PUTAIN de lien entre toutes ces farces gigantesques qui ne cessent de me percuter!

Je me battais contre des moulins, avec les armes qui les arrangent, celles qui ne les atteignent pas le moins du monde, comme si des postillons pouvaient venir à bout d'une muraille?! Je balançais des fleurs pour fendre une brèche dans ce mur infranchissable... et il pouvait me rire au nez de l'écho des pétales qui tombent une à une sur le sol poussiéreux! Non, il est sans doute temps d'exploser le mur à coup de Bélier! Ce siège a bien assez duré. Et si je ne prends pas d'assaut l'issue de secours... je risque de perdre pour toujours le bénéfice de ma liberté! Je ne peux pas jouer cette comédie plus longtemps, je reprends mes esprits, contre attaque, le temps d'aiguiser la lame de mon fer.

Je ne voulais pas nuire, alors je me suis nuis à moi, c'était plus facile, je pensais moins injuste, que de taper, au hasard, impulsivement dans le tas. Sans réel coupable, sinon tous de leur acceptation de tant de mensonges, et moi, qui les voyais tous... les uns après les autres. Alors j'en suis tombée malade, de cette mascarade, de tout ce jeu absurde derrière lequel on s'était toujours trop planqué, mon âme convulsionnée à vomir l'immonde de tant d'hypocrisie, malade dans mon coeur... mais ces maladies là, ça n'existe pas! Dans un monde sans âme, une âme sans corps n'a plus de place! J'ai imploré la vie pour qu'elle m'accorde alibi, une vraie maladie... mais la vie n'a pas voulu, la vie m'a dit, tu continues, même sans corps, sans aucune arme, dans ce monde sans âme, tu devras te battre et te trouver toi même une issue. Au dessus de cet abysse, il n'y a qu'un seul endroit où personne ne pourra venir me chercher, qui me laissera demeurer une vapeur, c'est la folie, le seul monde où on ne viendra pas me chercher. Même ça, je ne suis pas capable de le faire correctement. Même ça, je n'y suis pas arrivée, malgré tous ceux que j'ai convaincu, j'ai pas berné le psychiatre, lui de suite il a vu!!!

On joue aux cons pas vrai. Dans le fond, tout le monde sait bien que je ne suis pas dingue, c'est juste plus simple, ça évite seulement de regarder plus loin, de conserver son pseudo confort illusoire, de rester sagement installés dans nos boites empilées les unes sur les autres, en haut à gauche du placard... pouah, quel perspective pour notre avenir, sous la poussière à l'abri de nos souvenirs. Je suis dingue, c'est confortable, rien ne bouge... et pourtant! Derrière le voile, tout se télescope et on pourrait ne même pas y prêter attention. Et la vie si elle ne me donne pas le temps de rester dans mon lit, qu'elle me donne chaque matin la force et l'énergie pour me lever, que je fonctionne à l'énergie ondulaire, c'est pour que le monde fleurisse sans cesse des insignifiantes surprises qu'elle fait pleuvoir sur moi, jusqu'aux enclumes projetées par les tempêtes qui déferlent parfois. Parce qu'il y a bien quelque chose à voir, juste à la révulsion de ce vortex ci... le reflet de cette boule de cristal, facette d'éternité, mon propre Graal. 

La vérité. C'est toujours pareil, elle dérange, elle est si violente à accepter. La mienne ne peut sans doute pas être la votre, elle l'abime, la détériore, la nie même parfois. C'est mieux que je me taise, au moins ainsi je ne dérange pas. Les anciennes vérités branlantes restent à leur place, et une à une elles finiront par s'effondrer, jusqu'à ce qu'on puisse en explorer de nouvelles et recommencer! Jusqu'à rejoindre l'éternité.

 

Publié dans Tueuse de consensus

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