Râler global

Publié le par Fée tes valises :D

Râler global

Ce que j'aimerais ne plus jamais m'énerver. Rester zen du début à la fin de la journée. Ne pas râler, ni avoir de mauvaises pensées, ni m'emporter contre n'importe quelle odieuse injustice ou énorme absurdité.
Et paradoxalement, plus j'aimerais, moins j'y parviens. J'ai quand même fait de gros progrès, je râle moins, je le reconnais.
Enfin, je ne râle peut être pas moins mais je râle plus global. Sans déconner, si je râlais au particulier je n'aurais même plus le temps de respirer. Parce que franchement, n'importe quel point de détail infime de n'importe quel chose sur laquelle tu poses les yeux a des raisons à lui tout seul de te donner une possibilité de râler, de manifester ton mécontentement, d'être même carrément en colère. Je dirais qu'il vaut encore mieux râler que de se faire un ulcère, mais faut pas croire pour autant que râler à longueur de journée soit une chose facile. Croyez moi, j'ai essayé, je l'ai même suffisamment fait pour parfaire ma technique au point de gagner du temps en râlant global.

Ben oui quoi? A l'heure de la mondialisation, c'est dommage de ne pas en tirer profit un peu nous aussi. Pourquoi se contenter de râler en petit? Râler global, c'est plus intéressant. Autant râler en ayant de l'ambition... Et puis râler dans le détail c'est épuisant, en plus on passe pour un ronchon. Mais dans l'ensemble, tout le monde est d'accord. On râle face à des gens consentants. A râler global, c'est également fatiguant, on ne passe pas tant pour un ronchon, que pour un extrémiste barjo, à la limite de la parano.

Ne croyez pas un instant que je râle seulement pour le plaisir, râler pour moi est viscéral, ça sort tout seul, ça ne s'arrête pas avant que j'ai tout exprimé. Des fois, je sais que je devrais mieux me taire, que râler global ça finit par déranger. Assembler en une globalité une multitude de détails sans avoir besoin de tous les décortiquer uns à uns, c'est n'est pas évident à expliquer et râler global peut me faire paraître complètement déconnectée, ou du genre à avoir envie de polémiquer. Je dis seulement ce que je pense, de par ce que je vois. Et je vois bien que globalement, le monde va bien plus mal que la somme de ses petits détails. On peut chercher à râler sur les causes apparentes, se trouver des alibis formidables pour ne pas avoir à regarder global, pour ne pas avoir à remettre en question de solides certitudes. Sauf que là ça craint vraiment du boudin. Il est grand temps qu'on se réveille, qu'on cesse de se préoccuper de tous ces détails qui nous brouillent la vue. Regarder plus loin pour espérer trouver une issue.

La fatigue qui peut nous écraser devant l'ampleur de ce qu'il y aurait à reconsidérer: comment parvenir à troquer son pessimiste marasme contre un grisant espoir tant mérité? Ne pas s'embarrasser de toutes ces pensées qui me nuisent, qui me font croire que tout est désespéré...

Ainsi, je râle de ne pas parvenir à révéler avec évidence l'invisible, de ne pas arriver à traduire le langage incompréhensible de la musique de la vie, d'être contrainte de ne pas parvenir pas à clairement exprimer ce que je sens confusément. Je râle de ne pas savoir râler convenablement, de ne pas encore avoir compris comment réagir autrement. C'est dommage que je cède à la violence, que j'ai du mal à apaiser le cri meurtri par le silence, par défiance de ce qui s'impose depuis toujours à nos esprits. Je gagnerais à la dire avec légèreté, à l'exprimer sans sombrer dans la négativité. Comment le poids qui pèse sur nos consciences peut nous permettre de nous affranchir de nos conditions serviles, nous éviter de râler pour atteindre nos rêves a priori inaccessibles? A moins d'apprendre à râler positivement!

Publié dans Déchetterie

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